40% d’élèves absents en plus en 2020 ! Les chiffres interpellants, publiés par la FAPEO, font craindre une augmentation des situations de décrochage. Cette thématique est au cœur du certificat d’université en Accompagnement en Accrochage Scolaire et Social, coorganisé par l’UNamur et l’ITN.

Claire Baudson et Sandrine Biémar nous en disent plus sur les enjeux derrière cette problématique et la pertinence de se former sur le sujet.

Changer de paradigme

D’emblée, un constat s’impose : il vaut mieux prévenir que guérir.  Les chiffres montrent qu’une fois que le décrochage est avéré, c’est très compliqué d’agir. On a trop longtemps parlé de « décrochage » et envisagé la problématique sous l’angle déficitaire alors qu’il faut davantage avoir une perspective constructive. La question à poser est : Qu’est-ce que nous pouvons mettre en place en amont et comment pour que le décrochage n’ait pas lieu ? Il s’agit d’étudier au sein des secteurs scolaire et social les facteurs qui soient de protection et ceux de risque, pour favoriser la prise de mesures les plus porteuses pour les jeunes et les plus cohérentes

Seul.e, on n'est pas légitime

Une des importantes difficultés rencontrées est que nous évoluons dans une société clivée où les secteurs travaillent en silos. En tant qu’enseignant, on a une vision de l’élève, sa motivation à apprendre, son parcours scolaire. Mais on ne voit qu’une facette du jeune, son identité d’élève. Traiter la problématique de l’accrochage pousse à ouvrir les portes de l’école pour aller davantage vers ce qui est social. L’intersectoriel est primordial : il faut collaborer, se mettre ensemble pour avoir une réponse qui soit cohérente et qui ait un impact. Au-delà des enseignants, le sujet concerne donc aussi bien les psychologues que les assistants sociaux, éducateurs ou encore les professionnels de l’insertion sociale et professionnelle.

« Il est important de mettre en place des pratiques d’accrochage pour justement ne pas devoir palier au décrochage. »

Accompagner

L’Université de Namur et l’ITN ont construit le certificat d’université en Accrochage scolaire et social il y a déjà deux ans et ont fait le choix de mettre l’accent sur l’accompagnement. Les formateurs intervenants ne viennent pas avec une boite à outils. On part du principe que le jeune est acteur de son propre accrochage. On ne demande pas aux professionnels de résoudre les problèmes des jeunes mais d’activer les leviers sur lesquels ils peuvent avoir une prise. C’est le jeune qui, aidé, accompagné par les professionnels, va trouver la solution à son problème et réussir à s’accrocher ou se raccrocher.

Idées reçues à combattre
  • Je ne suis pas là, donc je décroche
    L’absentéisme n’est pas en soi un facteur de décrochage, c’est un symptôme. Et à l’inverse, on a des étudiants qui sont à l’école mais qui ne sont présents que physiquement : ils ne sont pas impliqués, ni en projet.
  • L’accrochage, c’est de 12 à 18 ans
    Il existe toute une série de jeunes qui n’ont pas décroché de l’école du tout. Mais qui, à l’issue de leur formation – même si ils étaient dans la filière générale – ne s’inscrivent pas dans un parcours de formation ou professionnel. C’est ce qu’on appelle les NEETS (Not in Employment or Training). Il y a donc aussi des mesures d’accrochage à prendre, après le parcours scolaire.
    A l’inverse, se développent des signes, voire des situations, de décrochage déjà dans le fondamental auxquelles il est nécessaire d’apporter des réponses.

Claire Baudson – Chercheur/accompagnant – Département de l’Éducation (Unamur)

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